Devant la phrase de roman
Qui tisse son histoire,
Les mots du poème s’effarouchent,
Étincelles d’instants,
Ils ignorent le désir,
De durer.
Dans les buissons des phrases,
Ils observent
Les liens, qui de ligne en ligne,
Construisent un édifice
Où des personnages se meuvent…
Les mots du poème pâlissent
se voient nus et seuls
sur leur page de hasard.
Les plus forts s’envolent
lucioles ivres
de leur effarante liberté.
Poème écrit par Danièle Corre, prix Max Jacob en 2007
Le désir
Le désir du printemps de dépasser l’hiver,
le désir d’une fleur de sortir de terre,
du temps des cerisiers en fleurs,
qui touchent en ce moment nos cœurs,
de ce grand désir de se retrouver,
pour enfin célébrer,
et remplir nos cœurs de joie,
pour oublier cette dernière fois.
Zoé Petit-Markwald (11 ans)
La danse des amants
Dans la cour d’un château, une douce lumière enveloppe leurs gestes.
Ils sont amants d’un soir, amants dans la magie musicale d’Astor Piazzola. Et les voilà qu’ils tournent, leur regard se détourne, leurs mains sont des appels aux portes de la nuit, de l’amour et du rêve.
Dans la cour d’un château, ils dansent sous la lune.
Elle avance cambrée, exhibant sans pudeur sa poitrine de pierre.
Lui, le regard brillant, se déploie lentement, Eros Toréador, et leur ombre agrandie sur les murs érodés projette leur désir dans une épure crue.
Dans la cour d’un château, ils dansent sous la lune.
Le rythme lancinant agit en élixir, fait onduler leurs corps, chair blanche sur fond noir de vêtements moulants.
Il est le bras d’Orphée et elle est Terpsichore.
Ils dansent indifférents aux regards qui s’attardent ou comme si cela devait durer toujours.
Dans la cour d’un château, ils dansent sous la lune.
Dans la nuit maintenant absolue, leurs yeux semblent briller plus que les étoiles du ciel, et, par leurs sinuosités voluptueuses et calculées, » Tres minutos con la realidad » deviennent trois minutes irréelles d’un univers clos.
Dans la cour du château, ils dansaient sous la lune…
Jacques Bec, février 2016
Un oiseau
Un oiseau chante sur un fil.
Cette vie simple, à fleur de terre,
Notre enfer s’en réjouit.
Puis le vent commence à souffrir
Et les étoiles s’en avisent.
Ô Folles !
De parcourir tant de fatalité profonde.
René Char dans Fureur et Mystère
Poème proposé par Françoise Rougier
Il faut que la pierre soit marquée pour indiquer le nord,
le but, l’horizon, la fin du rêve ou le début des pleurs
l’ordre des jours.
Il faut que la pierre soit marquée pour qu’à son tour elle prenne forme
qu’une âme s’éveille
qu’une femme s’élève
qu’une mère se lève.
Il faut que la pierre soit marquée pour qu’à son tour elle parle
qu’elle parle un jour dans l’espace qui s’agrandit par trop
qu’elle parle, qu’elle crie, qu’elle pleure
qu’elle témoigne.
Il faut que la pierre soit marquée
pour signifier l’appartenance
à ces hommes
à ce pays
à ce paysage.
Poème envoyé par Bernard Fournier, extrait d’un recueil à venir Statues-menhirs
A la table du présent,
dans les fleurs de mirabelliers
qui volent au vent,
je vous attends,
Je vous vois déjà
avec vos bouquets de sourires,
j’entends vos récits
longtemps clos en leur silence
qui se déversent dans les rires
en instants-éclats,
prise par le désir
de vous saisir
corps et biens,
de danser
avec vous
sous l’arbre
de la joie.
Danielle Corre, 25 mars 2021
Le désir du regard de l’autre
La vibration d’un sourcil, la perception de sa fragrance, l’émoi de le (la) rencontrer, toutes barrières abaissées, le premier contact fébrile où notre vie se résume à la pulsation de notre corps, mais que dire afin de transmettre nos exaltations ?
Les lèvres asséchées doivent s’entrouvrir afin d’articuler les mots qui tels des billes s’égrènent vers le premier message. Les mots…
Ceux que l’on n’ose susurrer, pas encore, trop tôt pour partager cet émoi…
Et pourtant la première phrase chantée vers l’être que l’on désire demeure le commencement du monde, l’éveil d’une aube fertile, le souhait d’un univers éternel…
Fabrice Guillot
La musique est la vapeur de l’art. Elle est à la poésie ce que la rêverie est à la pensée, ce que le fluide est au liquide, ce que l’océan des nuées est à l’océan des ondes. Victor HUGO